"Le dossier de la création d'un vin de pays sous la marque Val de France", plutôt que Vin de France, avance car c'est une priorité commerciale. Dans le contexte actuel de crise de la viticulture française, on a besoin de marques fortes", a déclaré Noël Bougrier, président de la commission publi-promotion de l'Anivit, lors d'une conférence de presse vendredi à Paris.
Pour M. Bougrier, la création d'une telle marque pour ces vins situés entre les vins d'appellation et les vins de table est souhaitée très fortement par "la famille du négoce et les coopératives qui ont un rôle de négociants" car elle correspond à une demande des consommateurs, notamment à l'étranger.
Mais pour cela, il faut avant tout une réforme de la réglementation française -qui prendra bien deux ans- pour autoriser les négociants à assembler des vins d'un même cépage -par exemple le sauvignon- provenant de diverses régions, ce qui est actuellement interdit. L'Anivit demande également que la "règle des 85%", autorisée dans les autres pays, soit applicable en France pour les cépages et les millésimes. Cette révolution dans l'univers du vin français permettrait de mettre dans les bouteilles un maximum de 15% d'un autre cépage que celui d'origine et un maximum de 15% d'une autre année que celle mentionnée sur l'étiquette. Il restera également aux producteurs français de vin de pays d'obtenir l'autorisation d'ajouter des copeaux de bois dans les barriques, comme en Australie ou aux Etats-Unis, pour donner un goût "boisé" qui plait si fort aux consommateurs du Nouveau Monde. Mais la partie risque d'être plus rude. Car il faut obtenir l'accord - unanime - du conseil des ministres de l'Union Européenne. Qui compte désormais 25 pays...
Mais cette évolution programmée ne fait pas le bonheur de tout le monde. "Je ne suis pas sûr qu'en produisant deux fois plus de vins de pays, on va en vendre deux fois plus, même si le Bordelais et la Bourgogne sont autorisés a faire des vins de pays et non plus uniquement des Appellations d'Origine Contrôlée", a déclaré à l'AFP Eric Lacombe, directeur national des ventes des Vignerons du Languedoc, société du Groupe Val d'Orbieu, le deuxième groupe vinicole français.
En effet, le Languedoc-Roussillon est la plus importante région de production des vins de pays. Avec plus de 7,3 millions d'hectolitres agréés en 2003, cette région représentait 70,5% de la production de vins de pays devant Midi-Pyrénées (9,7%), Provence Côte d'Azur (7,5%), Vallée de la Loire (5%), Rhône-Alpes (4,14%), Corse (1,96%) et Charentes-Aquitaine (1,2%). En 2003, la production totale des vins de pays a atteint près de 10,5 millions d'hectolitres, soit 25% de l'offre globale de vins français. |